Souffle d'automne.
Un souffle d'automne, au début, un vent d'amertume mélancolique ensuite.
Tout revient, les souvenirs, tout.Mais pas à la façon d'un feu qui, ayant perdu en intensité au fil du temps, brille timidement,s'enflamme vigoureusement, puis explose en un tourbillon de braises ardentes prêtes à vous attaquer la chair du coeur si vous êtres trop près.Non, pas comme ça.
Ca revient plutot comme un courant d'air cynique au visage émacié et moqueur, pinçant, qui s'insinue par la seule issue non vérouillée de votre foyer, que vous avez protégé, pourtant.Mais il ne rit pas, même pas sarcastiquement comme une sorte de démon malsain, non.Il se tait.Il se tait et impose son silence à ce qui l'entoure,il refroidit votre chère petite cheminée émotionnelle, il gèle vos bouquets de muguets éternels adorés, il paralyse vos photos souvenirs qui s'agitent habituellement avec force rires.
Alors, il vous faut fuir, vous le voulez.Mais vous êtes prisonnier de cette brise tentaculaire et despotique, qui rend votre chez-vous détestable.Elle vous déchaïne une tempête de vérités inchangées et cinglantes, une tornade de faits refoulés, un typhon qui vous arrache ce voile devant vos yeux.
Mais ça ne fait pas mal.Ca ronge,miette par miette,flocon par flocon, délicatement, pour vous laisser le temps de savourer vos dernières illusions.C'en est presque beau, cette compassion maligne.
Oui, c'en est presque beau, une nuit dehors,seul, au début de l'automne.